FLIRT

compagnie les Divins Animaux / Mains d’Oeuvres / du 16 au 26 septembre

Mi-septembre, tout a repris son cours, la rentrée théâtrale s’amorce, et la compagnie des Divins Animaux nous invite à Mains d’Oeuvres à un moment privilégié. Une prise de contact, un échange, une mise en relation. Douceur, douceur.

Ils sont quatre comédien.ne.s, une musicienne, dans un dispositif extrêmement simple. Un rideau d’or, cabaret lynchéen, sépare le plateau en deux. Il y a ce qui se passe derrière, les voix off, l’excitation avouée de nous rencontrer, les plans sur la comète, et il y aura ce qui se passera devant, entre le rideau et nous, en pleine lumière. Les yeux rivés au sol, le corps qui s’effraie, le sourire timide. Passera la gêne, passeront les tentatives de fuite, jusqu’à ce que le contact soit établi, tangible, fragile, les yeux dans les yeux, rire pour rire, grincement de dent pour grincement de dent. Il y aura des moments trop bien préparés pour nous atteindre autant que les autres, plus nombreux, plus brutaux, plus présents. Ce sont ces derniers qui nous marqueront, qui nous feront dire : ça a fonctionné. Enveloppée dans la musique veloutée, entre clavier et samples hypnotisants, la rencontre a lieu, « pour de vrai ». C’est là la force de ce spectacle, joli objet, joli sans cynisme, joli sans condescendance. Comme on passerait un joli moment, comme ces fois hors du temps où une personne dit à une autre : « voilà comme je suis » et que cette absence d’artifice, ce refus de plaire, cette façon d’aller droit au but, droit au nu, touche, invite à la réciproque.

Ce sont quatre comédien.ne.s qui viennent nous regarder, nous parler, nous dire qu’ils nous aiment et qu’ils aiment être vus de nous. Ça fait du bien. Tout le monde dépose les armes, on en (re)vient à ce que seul le spectacle vivant peut offrir : un moment unique, la création d’un temps particulier et partagé entre ceux et celles qui sont éclairés, et ceux et celles qui sont dans l’ombre. Ce spectacle n’est pas une machinerie, il se nourrit de ce qu’on attend toujours, même sans se le dire : ce qui n’arrivera qu’à nous, ce qu’on se dira sans forcément parler, et qui nous propulsera dans une intimité folle. Le quatrième mur existe toujours, c’est cette limite fragile entre l’ombre et la lumière, et il ne s’agit pas de le briser, de prétendre qu’il n’y a plus de spectateurs ni d’acteurs. Il s’agit de dire, comme un rêve de gamin, que depuis la place qui nous a été attribuée, on peut exister, et que nos existences se nourrissent les unes des autres, nos regards nous portent, nos paroles nous atteignent.

Après, bien entendu, nous quitterons la salle, nous retournerons à nos vies. Mais nous pourrons dire à celles et ceux que nous croiserons : quelque chose s’est passé tout à l’heure, j’étais au théâtre, j’ai vu un spectacle, on m’a fait partager quelque chose. J’ai vu, et j’ai été vu. J’étais chez des gens que je ne connaissais pas et ils avaient prévu du thé et des petits gâteaux pour moi, pour qu’on les mange ensemble. Et on aura envie, aussi, de rencontrer des personnes, dans des instants hors du temps de nos vie, pour leur dire : « voilà comme je suis. »

Flirt
conception et mise en scène : Florian Pautasso
avec : Stéphanie Aflafo, Flavien Bellec, Solal Forte, Aurélie Lannoy et Sophie Van Everdingen
création musicale : Sophie Van Everdingen
création sonore : Marc de Frutos
création lumière : Philippe Ulysse

jusqu'au 26 septembre 2015
Mains D'Oeuvres
1, rue Charles Garnier, Saint Ouen - Métro Garibaldi ou Porte de Clignancourt
www.mainsdoeuvres.org
Durée : 1h00

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